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Maroc

 

APPARTENANCE RELIGIEUSE
Musulmans : 98,3 %
Chrétiens : 0,6 %
Autres : 1,1 %

Chrétiens : 189 144
Catholiques baptisés
: 23 000

SUPERFICIE
446 550 km2

POPULATION
31 524 000 habitants

RÉFUGIÉS
786

DÉPLACÉS
-

 

 

 

Selon la Constitution marocaine, « l’islam est la religion de l’Etat qui garantit à tous le libre exercice des cultes » (art. 6). Devant l’ambiguïté de cette formulation qui laisse dans le flou la liberté de choisir sa religion, tout est question d’interprétation. Celle-ci est de la compétence du roi en sa qualité de « Commandeur des croyants », chargé de veiller au respect de l’islam. En 1962, le roi Hassan II avait donné son interprétation à cet article, en affirmant que les cultes juif et chrétien peuvent s’exercer en toute liberté car ce sont des religions admises par l’islam. Cela ne signifie pas la liberté pour les musulmans de changer de religion et d’embrasser n’importe quel culte, précisait-il. Le Code pénal ne prévoit aucune sanction pour apostasie volontaire et choisie, qui n’est donc pas considérée comme un crime.
Cependant, le même Code punit le prosélytisme, sauf celui de l’islam. Il prévoit, en son article 220, des peines d’emprisonnement allant de six mois à trois ans et une amende de 100 à 500 dirhams pour toute personne qui tente d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en employant des moyens de séduction soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats.
Outre les musulmans, seuls les juifs indigènes, dont le nombre n’est plus que de 4.000 alors qu’il s’élevait à environ 200.000 en 1956, lors de l’indépendance, sont considérés comme des ressortissants marocains en raison de leur présence multiséculaire dans le royaume. A ce titre, le gouvernement soutient financièrement leurs écoles et leur accorde des exemptions fiscales et douanières. Certains juifs occupent, par ailleurs, des fonctions importantes. Ainsi, l’un d’entre eux, André Azoulay, avait été nommé conseiller royal par Hassan II, fonction reconduite par l’actuel souverain, Mohamed VI. De même, l’ancien ministre du Tourisme, Serge Berdugo, qui occupe une place éminente au sein de sa communauté, a été nommé par le roi ambassadeur itinérant. Enfin, les juifs ont leurs propres tribunaux, compétents en matière de statut personnel.
Quant aux chrétiens, leur nombre actuel est estimé à environ 50 000 sur 30 millions d’habitants. La plupart d’entre eux sont des catholiques étrangers relevant de 70 nationalités, mais il y a aussi des néo-protestants, surtout évangéliques, parmi lesquels des Marocains convertis.
L’Eglise catholique jouit d’une reconnaissance officielle depuis une lettre patente que le roi Hassan II adressa au pape Jean-Paul II en date du 30 décembre 1983. Elle peut ainsi exercer publiquement et librement ses activités pastorales propres et posséder des biens pour ses œuvres éducatives. Une nouvelle école a été ouverte à Casablanca en 2007. Le gouvernement accorde également à l’Eglise catholique des exemptions en matière fiscale et douanière.
Cependant, la sonnerie des cloches est interdite de facto depuis 1960. Par ailleurs, la vente de Bibles en arabe n’est pas autorisée, alors qu’elle l’est s’il s’agit de traductions en français, anglais ou espagnol. Enfin, les édifices cultuels catholiques et protestants sont placés sous surveillance policière depuis les attentats terroristes qui ont été perpétrés à Casablanca en 2003.
L’Eglise catholique s’abstient de manière stricte de s’adonner à tout ce qui pourrait s’apparenter à de l’évangélisation. Ainsi, pour Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat, « il n’est pas question d’enfreindre les lois du Maroc » (Aujourd’hui le Maroc, n° 978, 1er septembre 2005). C’est pourquoi il a donné la consigne suivante aux moines trappistes établis à Midelt, dans le massif de l’Atlas : « Pas de provocation inutile ni de trop grande visibilité en ces temps troublés » (Tel Quel, 14-20 janvier 2006).

Il n’en va pas de même des groupes néo-protestants originaires des Etats-Unis. Ceux-ci auraient converti quelques centaines (leur nombre dépasserait aujourd’hui le millier) de Marocains parmi lesquels certains sont devenus pasteurs. Ainsi, l’organisation Arab World Ministries, présente au Maroc, a pour objet « l’annonce de la Bonne Nouvelle d’un Sauveur aux musulmans du monde arabe, conformément à l’ordre du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ de prêcher la bonne nouvelle à toute créature » (Maroc Hebdo, n° 723, 8-14 décembre 2006). Si la loi ne prévoit aucune sanction pour les convertis à une autre religion, en revanche ces derniers subissent un ostracisme social. Les musulmans baptisés doivent pratiquer leur culte en dehors des églises et des temples, c’est-à-dire dans des maisons ou des lieux secrets.
Le 28 novembre 2006, le tribunal de première instance d’Agadir a condamné un touriste copte évangélique, Sadek Noshi Yassa, Egyptien détenteur de la nationalité allemande, à six mois de prison ferme et à une amende de 500 dirhams. Il avait été arrêté dans la ville en train de distribuer à des jeunes des livres chrétiens après avoir réussi à les entraîner à une discussion sur ce sujet. Des ouvrages et des CD-ROM incitant les gens à se convertir au christianisme ont été saisis à son lieu de résidence (Maroc- Hebdo, n° 723, 8-14 décembre 2006).
Au Maroc résident aussi des bahaïs natifs du pays, qui seraient environ 400. Ils ne jouissent d’aucune reconnaissance légale, car le gouvernement considère leurs convictions comme hérétiques. Après avoir pendant longtemps, au XXème siècle, été poursuivis pour prosélytisme, ils bénéficient de la liberté de culte, mais, depuis une décision prise par le roi Hassan II en 1983, celui-ci ne doit pas être public. En échange de la tolérance accordée par le Royaume, les bahaïs se sont engagés à ne plus recourir au prosélytisme.
Il faut signaler enfin que, selon un dahir (décret-loi) du 4 mars 1960, une Marocaine musulmane ne peut épouser un non-musulman que si celui-ci se convertit à l’islam. Cette disposition trouve sa source dans un verset du Coran qui stipule cet empêchement (cf. Coran 2, 221). Le nouvel époux doit impérativement présenter son attestation de conversion, rédigée en arabe, pour pouvoir se marier. En outre, l’épouse, restée chrétienne ou juive, d’un musulman perd tout droit à l’héritage de son mari et à la garde de ses enfants en cas de séparation ou de veuvage.

 

Source.

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